La loi d’amour II
L’amour est d’essence divine, et depuis le premier jusqu’au dernier, vous possédez au fond du cœur l’étincelle de ce feu sacré. C’est un fait que vous avez pu constater bien des fois ; l’homme le plus abject, le plus vil, le plus criminel, a pour un être ou pour un objet quelconque, une affection vive et ardente, à l’épreuve de tout ce qui tendrait à la diminuer, et atteignant souvent des proportions sublimes.
J’ai dit pour un être ou pour un objet quelconque, parce qu’il existe parmi vous des individus qui dépensent des trésors d’amour dont leur cœur surabonde, sur des animaux, sur des plantes, et même sur des objets matériels : espèces de misanthropes se plaignant de l’humanité en général, se roidissant contre la pente naturelle de leur âme qui cherche autour d’elle l’affection et la sympathie ; ils rabaissent la loi d’amour à l’état d’instinct. Mais, quoi qu’ils fassent, ils ne sauraient étouffer le germe vivace que Dieu a déposé dans leur cœur à leur création ; ce germe se développe et grandit avec la moralité et l’intelligence, et, quoique souvent comprimé par l’égoïsme, il est la source des saintes et douces vertus qui font les affections sincères et durables, et vous aident à franchir la route escarpée et aride de l’existence humaine.
Il est quelques personnes à qui l’épreuve de la réincarnation répugne, en ce sens que d’autres participent aux sympathies affectueuses dont ils sont jaloux. Pauvres frères ! c’est votre affection qui vous rend égoïstes ; votre amour est restreint à un cercle intime de parents ou d’amis, et tous les autres vous sont indifférents. Eh bien ! pour pratiquer la loi d’amour telle que Dieu l’entend, il faut que vous arriviez par degrés à aimer tous vos frères indistinctement. La tâche sera longue et difficile, mais elle s’accomplira : Dieu le veut, et la loi d’amour est le premier et le plus important précepte de votre nouvelle doctrine, parce que c’est celle-là qui doit un jour tuer l’égoïsme sous quelque forme qu’il se présente ; car, outre l’égoïsme personnel, il y a encore l’égoïsme de famille, de caste, de nationalité. Jésus a dit : « Aimez votre prochain comme vous-même » ; or, quelle est la limite du prochain ? est-ce la famille, la secte, la nation ? Non, c’est l’humanité tout entière. Dans les mondes supérieurs, c’est l’amour mutuel qui harmonise et dirige les Esprits avancés qui les habitent, et votre planète destinée à un progrès prochain, par sa transformation sociale, verra pratiquer par ses habitants cette sublime loi, reflet de la Divinité.
Les effets de la loi d’amour sont l’amélioration morale de la race humaine et le bonheur pendant la vie terrestre. Le plus rebelles et les plus vicieux devront se réformer quand ils verront les bienfaits produits par cette pratique : Ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qui vous fût fait, mais faites-leur au contraire tout le bien qu’il est en votre pouvoir pour le faire.
Ne craignez pas à la stérilité et à l’endurcissement du cœur humain ; il cède malgré lui à l’amour vrai ; c’est un aimant auquel il ne peut résister, et le contact de cet amour vivifie et féconde les germes de cette vertu qui est dans vos cœurs à l’état latent. La terre, séjour d’épreuve et d’exil, sera alors purifiée par ce feu sacré, et verra pratiquer la charité, l’humilité, la patience, le dévouement, l’abnégation, la résignation, le sacrifice, toutes vertus filles de l’amour. Ne vous lassez donc pas d’entendre les paroles de Jean l’Evangéliste ; vous le savez, quand l’infirmité et la vieillesse suspendirent le cours de ses prédications, il ne répétait que ces douces paroles : « Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres ».
Chers frères aimés, mettez à profit ces leçons : la pratique en est difficile, mais l’âme en retire un bien immense. Croyez-moi, faites le sublime effort que je vous demande : « Aimez-vous », vous verrez bientôt la terre transformée et devenir l’Elysée où les âmes des justes viendront goûter le repos.
(Communication dictée par L’Esprit Fénelon, Bordeaux, 1861)
Extrait de l’Evangile selon le Spiritisme, chapitre XI « Aimer son prochain comme soi-même »